Le danger des opinions libres. — Le léger contact
avec des opinions libres procure une excitation,
comme une sorte de cri de joie ; si on lui donne
davantage, on commence à frotter les endroits jusqu’à ce qu’enfin il se produise une plaie ouverte et
douloureuse : c’est-à-dire jusqu’à ce que l’opinion
libre commence à nous troubler, à nous torturer
dans l’orientation de notre existence, dans nos
rapports sociaux.
Désir d’une profonde douleur. — La passion laisse,
quand elle est passée, un regret obscur d’elle-même,
et nous jette encore, tandis qu’elle disparaît, un
regard séducteur. Il faut bien qu’il y ait une sorte
de plaisir à être frappé de ses fouets. Les sentiments médiocres paraissent vides en comparaison
on aime, à ce qu’il paraît, encore mieux le déplaisir
violent que le plaisir plat.
Mauvaise humeur contre les autres et contre le monde. — Lorsque, comme si souvent, nous mettons notre mauvaise humeur au compte d’autrui, tandis que nous la sentons réellement s’adresser à nous, nous nous efforçons, au fond, d’embrumer et d’abuser notre jugement ; nous voulons motiver