Au reste, la recherche méthodique de la vérité
est elle-même le résultat de ces temps où les convictions tenaient la campagne les unes contre les
autres. Si chacun ne s’était pas intéressé à sa
« vérité », c’est-à-dire au maintien de son droit, il
n’existerait point de méthode de recherche ; mais
ainsi, dans la lutte éternelle des prétentions de
divers individus à la vérité absolue, on avançait
pas à pas à la découverte de principes irréfutables,
d’après lesquels on pût examiner le droit des prétendants et apaiser le conflit. D’abord on se décidait suivant des autorités, ensuite on se faisait
mutuellement la critique des voies et moyens par
où la soi-disant vérité avait été trouvée ; entre
temps, il y avait une période où l’on tirait les conséquences du principe adverse et l’on pouvait les
trouver pernicieuses et malfaisantes : d’où il résultait
alors au jugement de chacun que la conviction de
l’adversaire contenait une erreur. La lutte personnelle des penseurs a finalement si bien aiguisé les
méthodes que l’on put réellement découvrir des
vérités et que les fausses démarches des méthodes
précédentes furent mises à nu aux yeux de tous.
Dans l’ensemble, les méthodes scientifiques sont une conquête de la recherche pour le moins aussi