lui prendre la main, jamais alors ne plane sur nous
le grave sourire de sa complaisance. Nous la vénérons comme l’Isis voilée de notre vie ; pleins de
honte, nous lui apportons en tribut et en sacrifice
notre douleur, quand le feu nous brûle et menace
de nous dévorer. C’est l’esprit qui nous sauve d’être
entièrement consumés et réduits en charbons ; il
nous arrache de temps en temps de l’autel des sacrifices à la justice ou bien nous cache dans un tissu
d’asbeste. Délivrés du feu, nous marchons alors,
poussés par l’esprit, d’opinion en opinion, à travers
le changement des partis, trahissant
noblement
toutes les choses qui peuvent en somme être trahies
— et cependant sans un sentiment de culpabilité.
Le voyageur. — Celui qui veut seulement dans une certaine mesure arriver à la liberté de la raison n’a pas le droit pendant longtemps de se sentir sur terre autrement qu’en voyageur, — et non pas même pour un voyage vers un but final : car il n’y en a point. Mais il se proposera de bien observer et d’avoir les yeux ouverts pour tout ce qui se passe réellement dans le monde ; c’est, pourquoi il ne peut attacher trop fortement son cœur à rien de particulier ; il faut qu’il y ait toujours en lui quelque chose du voyageur, qui trouve son plaisir au changement et au passage. Sans doute un pareil