des actions, mais non des sentiments, car ceux-ci
sont involontaires. Qui promet à quelqu’un de
l’aimer toujours, ou de le haïr toujours, ou de lui
être toujours fidèle, promet quelque chose qui n’est
pas en son pouvoir ; ce qu’il peut bien promettre,
c’est des actions qui, à la vérité, sont ordinairement
les conséquences de l’amour, de la haine, de la fidélité, mais qui peuvent aussi provenir d’autres motifs, car à une seule action mènent des chemins et
des motifs divers. La promesse d’aimer quelqu’un
toujours signifie donc : tant que je t’aimerai, je te
montrerai les actions de l’amour ; si je ne t’aime
plus, tu continueras néanmoins à recevoir de moi
les mêmes actions, quoique pour d’autres motifs :
en sorte que dans la tête des autres hommes persiste l’apparence que l’amour serait immuable et
toujours le même. — On promet ainsi la persistance
de l’apparence de l’amour, lorsque, sans s’aveugler
soi-même, on promet à quelqu’un un amour
éternel.
Intelligence et morale. — Il faut avoir une bonne mémoire pour être capable de tenir les promesses qu’on a faites. Il faut avoir une grande force d’imagination pour être capable d’éprouver de la compassion. Tant la morale est étroitement liée à la bonté de l’intelligence.