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Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/118

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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

ne veulent pas sérieusement apprendre d’elle. Toujours est-il qu’il faut accorder aux Anglais que, dans leurs manuels scientifiques pour les classes populaires, ils ont fait un pas remarquable vers cet idéal : c’est que ces manuels sont faits par des savants distingués — des natures complètes et abondantes — et non pas, comme chez nous, par les médiocrités de la science.

185.

Génialité de l’espèce humaine. — Si, d’après l’observation de Schopenhauer, il y a de la génialité dans le fait de se souvenir d’une façon coordonnée et vivante de ce qui vous est arrivé, dans l’aspiration à la connaissance de l’évolution historique — qui fait ressortir toujours plus puissamment les temps modernes sur les temps anciens et qui, pour la promière fois a brisé les vieilles limites entre la nature et l’esprit, l’homme et la bête, la morale et la physique — on pourrait reconnaître une aspiration à la génialité dans l’ensemble de l’humanité. L’histoire imaginée complète serait de la conscience cosmique.

186.

Culte de la culture. — Aux grands esprits s’adjoint ce qu’il y a dans leur nature de hideusement trop humain — leurs aveuglements, leurs injustices, leur manque de mesure — pour que chez eux l’influence puissante, facilement trop puissante, soit contrebalancée sans cesse par la méfiance ; que ces particularités inspirent. Car le système de tout