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Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/154

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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE



251.

En se séparant. — Ce n’est pas dans la façon dont une âme s’approche d’une autre, mais dans la façon dont elle s’en sépare, que je reconnais la parenté et l’homogénéité avec cette autre.

252.

Silence ! — Il ne faut pas parler de ses amis : autrement on trahit par des paroles le sentiment de l’amitié.

253.

Impolitesse. — L’impolitesse est souvent l’indice d’une modestie maladroite, qui perd la tête lorsqu’elle est surprise, et cherche à cacher cela par de la grossièreté.

254.

La franchise qui se méprend. — Ce sont parfois nos nouvelles connaissances qui apprennent d’abord ce que nous avons longtemps gardé pour nous : nous croyons à tort que cette preuve de confiance que nous leurs donnons est le lien le plus fort par lequel nous puissions nous les attacher. — Mais nous ne leur en avons pas dit assez pour qu’ils aient un sentiment très vif du sacrifice que nous leur faisons par nos confidences, et ils révèlent nos secrets à d’autres sans songer à la trahison : ce qui nous fera peut-être perdre nos connaissances beaucoup plus anciennes.