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Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/162

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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

bilieux et aux esprits moroses, on verrait transformer, comme par magie, le monde en un jardin de bonheur. — Cet axiome fait partie d’une philosophie pratique pour le sexe féminin.

279.

Ne pas se méfier de ses sentiments. — Le précepte très féminin, qu’il ne faut pas se méfier de ses sentiments, ne signifie pas autre chose que ceci : il faut manger ce que l’on trouve bon. C’est peut-être bien aussi une bonne règle usuelle pour les natures mesurées. Mais les autres natures devront vivre selon une autre règle : « Il ne faut pas manger seulement avec la bouche, mais aussi avec la tête, autrement, la gourmandise de ta bouche te fera périr. »

280.

Cruelle invention de l’amour. — Tout grand amour fait naître l’idée cruelle de détruire l’objet de cét amour pour le soustraire une fois pour toutes au jeu sacrilège du changement : car l’amour craint le changement plus que la destruction.

281.

Portes. — L’enfant, de même que l’homme, voit dans tout ce qui lui arrive, dans tout ce qu’il apprend, des portes : mais pour l’homme ce sont des portes d’accès pour l’enfant des passages.

282.

Femmes compatissantes. — La compassion ver-