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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE



325.

Opinions. — La plupart des gens ne sont rien et ne comptent pour rien avant d’avoir revêtu le manteau des convictions générales et des opinions publiques — conformément à la philosophie des tailleurs : ce sont les habits qui font les gens. Mais, pour les hommes d’exception, il faut dire : celui qui se vêt fait le vêtement ; là les opinions cessent d’être publiques et deviennent autre chose que des masques, des parures et des travestissements.

326.

Deux espèces de sobriété. — Pour ne pas confondre la sobriété provoquée par l’épuisement d’esprit avec la sobriété de la tempérance, il faut observer que la première est louche d’allure tandis que la seconde est pleine de gaieté.

327.

Falsification de la joie. — Il ne faut pas appeler bonne une chose fût-ce même un jour de plus qu’elle ne nous paraît ainsi, mais il ne faut pas non plus que ce soit un jour plus tôt, — c’est la seule façon de se conserver une joie véritable : autrement notre joie serait trop facilement fade au goût et peut-être trop avancée, et passerait auprès de beaucoup de gens pour de la nourriture falsifiée.

328.

Le bouc de vertu. — Lorsque quelqu’un fait ce