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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

témoignent d’un manque de fécondité : au fond, si nous étions un bon champ de labour, nous ne laisserions rien périr sans l’utiliser et nous verrions en toute chose, dans les événements et dans les hommes, de l’utile fumier, de la pluie et du soleil.

333.

Les relations une jouissance. — Si l’esprit de renoncement pousse quelqu’un à rechercher la solitude avec intention, il peut, lorsqu’il les goûte rarement, transformer ses relations avec les hommes, en un mets délicat.

334.

Savoir souffrir publiquement. — Il faut afficher son malheur, gémir de temps en temps, de façon à ce que tout le monde l’entende, s’impatienter d’une façon visible : car si on laissait les autres s’apercevoir combien l’on est tranquille et heureux au fond de soi-même, malgré les douleurs et les privations, combien on les rendrait envieux et méchants ! — Mais il faut que nous veillions à ne pas rendre nos semblables plus mauvais ; de plus, s’ils nous savaient heureux, ils nous chargeraient de lourdes contributions, de sorte que notre souffrance publique est certainement aussi pour nous un avantage privé.

335.

Chaleur sur les sommet. — Sur les hauteurs il fait plus chaud que l’on imagine généralement