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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

ailleurs, ta franchise, mais il annule sans cesse l’effet et la valeur de celle-ci.

345.

Idéaliste et menteur. — Il ne faut pas se laisser tyranniser par la plus belle qualité que l’on puisse avoir — celle d’élever les choses dans l’idée : car alors il se pourrait bien qu’un jour la vérité se séparât de nous avec cette dure parole : « Menteur fieffé, qu’ai-je de commun avec toi ? »

346.

Être mal compris. — Lorsque l’on est mal compris en bloc, il est impossible de supprimer complètement un malentendu de détail. Il faut se rendre compte de cela pour ne pas user inutilement sa force à se défendre.

347.

Le buveur d’eau parle. — Continue donc à boire le vin qui t’a délecté durant toute ta vie, — que t’importe qu’il me faille être buveur d’eau ? L’eau et le vin ne sont-ils pas des éléments paisibles et fraternels qui peuvent habiter ensemble sans se faire de reproches ?

348.

Du pays des anthropophages. — Dans la solitude le solitaire se ronge le cœur ; dans la multitude c’est la foule qui le lui ronge. Choisis donc !

349.

Le degré de congélation de la volonté. — « Elle vient enfin, l’heure qui t’enveloppe dans le