pour bien prouver que l’on aimerait bien faire grâce, mais non point en tant que société. La société ne reconnaît donc que les vertus qui lui sont avantageuses ou qui du moins ne lui portent pas préjudice (celles qui peuvent être exercées sans dommage ou même en portant des intérêts, par exemple la justice). Ces vertus du préjudice ne peuvent donc pas être nées dans la société, vu que, maintenant encore, dans le sein de la moindre agglomération sociale qui se constitue, l’opposition s’élève contre elle. Ce sont donc là des vertus qui ont cours parmi les hommes qui ne sont pas égaux, des vertus inventées par l’individu qui se sent supérieur, des vertus propres au dominateur avec cette arrière-pensée : « Je suis assez puissant pour accepter un préjudice visible, c’est là une preuve de ma puissance. » — Par conséquent, une vertu voisine de la fierté.
Casuistique de l’avantage. — Il n’y aurait pas de casuistique de la morale s’il n’y avait pas de casuistique de l’avantage. La raison la plus indépendante et la plus sagace ne suffit souvent pas pour choisir entre deux choses de façon à ce que le plus grand avantage ressorte du choix. Dans de pareils cas on choisit parce qu’il faut choisir, et l’on est pris après coup d’une espèce de mal de mer du sentiment.
Devenir hypocrite. — Tous les mendiants deviennent des hypocrites comme tous ceux qui font