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Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/278

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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

libre chacun de ceux qui ont foi en moi, je l’affirme avec autant de certitude que j’affirme que mon père est encore vivant. » — Les prisonniers ne rirent point, mais ils haussèrent les épaules et le laissèrent là.

85.

Le persécuteur de Dieu. — Saint Paul a formulé l’idée et Calvin l’a développée : de toute éternité la damnation est adjugée à un nombre incalculable d’hommes, et ce merveilleux plan universel a été élaboré ainsi pour que la gloire de Dieu puisse s’y manifester : le ciel et l’enfer et l’humanité devraient donc exister — pour satisfaire la vanité de Dieu ! Quelle vanité cruelle et insatiable a dû flamber dans l’âme de celui qui a été le premier, ou le second, à imaginer cela ! — Paul est donc malgré tout resté Saul, — le persécuteur de Dieu.

86.

Socrate. — Si tout va bien il viendra un temps, où, pour progresser dans la voie de la morale et de la raison, plutôt que la Bible, on prendra entre les mains les Dits mémorables de Socrate et où l’on considérera Montaigne et Horace comme des initiateurs et des guides pour l’intelligence de ce sage médiateur, le plus simple et le plus impérissable de tous, Socrate. En lui convergent les voies des différentes règles philosophiques, qui sont en somme les règles des différents tempéraments, fixées par la raison et l’habitude, toutes ayant le sommet tourné vers la joie de vivre et la joie que l’on prend