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Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/290

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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE


114.

La littérature et la morale s’expliquent. — On peut montrer, à l’exemple de la littérature grecque, quelles sont les forces qui font s’épanouir l’esprit grec, comment il entra dans différentes voies et ce qui finit par le rendre faible. Tout cela donne une image de ce qui s’est en somme passé avec la moralité grecque et de ce qui se passera avec toute autre morale : comment elle commença par être une contrainte, montrant d’abord de la dureté, puis devenant peu à peu plus douce, comment se forma enfin le plaisir que procurent certaines actions, certaines conventions et certaines formes, et, sortant de là, encore un penchant à l’exercice exclusif et la possession unique de celles-ci : comment la voie s’emplit et se comble de compétiteurs, comment arrive la satiété, comment on recherche de nouveaux objets de lutte et d’ambition, comment on en éveille d’anciens à la vie, comment le spectacle se répète, comment les spectateurs se fatiguent du spectacle, parce que dès lors tout le cercle semble être parcouru — et alors survient un repos, un arrêt dans la respiration : les rivières se perdent dans le sable. C’est la fin, ou du moins une fin.

115.

Quelles sont les contrées qui réjouissent d’une façon durable. — Cette contrée possède des traits significatifs pour un tableau, mais je ne puis saisir la formule pour l’exprimer ; comme ensemble elle