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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

raient avoir envie de s’étendre dans une barque durant les longs soirs d’été.

161.

Robert Schumann. — Le « jeune homme » tel que le rêvaient les poètes lyriques du Romantisme français et allemand dans le premier tiers de ce siècle, — ce jeune homme a été complètement traduit en chants et en musique par Robert Schumann, l’éternel jeune homme, tant qu’il se sentit dans la plénitude de sa force : il est vrai qu’il y a des moments où sa musique fait songer à l’éternelle « vieille fille ».

162.

Les chanteurs dramatiques. — « Pourquoi ce mendiant chante-t-il ? » — Il ne s’entend probablement pas à gémir. — « Alors il fait bien : mais nos chanteurs dramatiques qui gémissent parce qu’ils ne savent pas chanter — font-ils bien, eux aussi ? »

163.

Musique dramatique. — Pour celui qui ne voit pas ce qui se passe sur la scène, la musique dramatique est une absurdité ; de même que le commentaire perpétuel d’un texte perdu est une absurdité. Cette musique demande très sérieusement que l’on ait les oreilles là où se trouvent les yeux. Mais c’est là faire violence à Euterpe : cette pauvre muse veut qu’on laisse ses yeux et ses oreilles aux endroits où toutes les autres muses les ont aussi.