Louanges déloyales. — Les louanges déloyales
occasionnent après coup beaucoup plus de remords
que le blâme déloyal, probablement pour cette raison
que, par des louanges exagérées, notre faculté
de jugement découvre beaucoup mieux ses faiblesses
que par le blâme violent et même injuste.
Il est indifférent comment on meurt. — Toute la façon dont un homme pense à la mort, à l’apogée de sa vie et durant qu’il possède la plénitude de sa force, est très parlante et significative pour ce que l’on appelle son caractère ; mais l’heure de sa mort par elle-même, son attitude sur le lit d’agonie, n’entrent presque pas en ligne de compte. L’épuisement de la vie qui décline, surtout quand ce sont des vieilles gens qui meurent, l’alimentation irrégulière et insuffisante du cerveau pendant cette dernière époque, ce qu’il y a parfois de très violent dans les douleurs, la nouveauté de cet état maladif dont on n’a pas encore l’expérience, et trop fréquemment un accès de crainte, un retour à des impulsions superstitieuses, comme si la mort avait une grande importance et s’il fallait franchir des ponts d’espèce épouvantable, — tout cela ne permet pas d’utiliser la mort comme un témoignage concernant la vie. Aussi n’est-il point vrai que, d’une façon générale, le mourant soit plus loyal que le vivant : au contraire, presque chacun est poussé par l’attitude solennelle de son entourage, les effusions senti-