Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais encore s’attaque à son créancier : selon toute justice il est dès lors privé, non seulement de tous ces biens et de tous ces avantages, mais on lui rappelle encore toute l’importance qu’avait la possession de ces avantages. La colère des créanciers lésés et de la communauté le rend à l’état sauvage, le met hors la loi, lui refuse sa protection, — et toute espèce d’acte hostile peut se commettre contre lui. Le « châtiment », à ce degré des mœurs, est simplement l’image, la mimique de la conduite normale à l’égard de l’ennemi détesté, désarmé, abattu, qui a perdu tout droit non seulement à la protection, mais encore à la pitié ; c’est donc là le droit de guerre et le triomphe du victis ; dans toute son inexorable cruauté. — C’est ce qui explique pourquoi la guerre même (y compris le culte des sacrifices guerriers) a revêtu toutes les formes sous lesquelles le châtiment apparaît dans l’histoire.

10.

À mesure que s’accroît sa puissance, une communauté accorde moins d’importance aux manquements de ses membres, puisque ces membres ne lui paraissent plus ni dangereux pour l’existence de