Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/149

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21.

C’est tout ce que je dirai provisoirement sur le rapport entre les notions de « dette » et de « devoir » avec des suppositions religieuses : j’ai laissé de côté à dessein jusqu’à présent la moralisation proprement dite de ces notions (leur refoulement dans la conscience, plus exactement encore la complication de la mauvaise conscience par l’idée de Dieu), et, à la fin du précédent paragraphe, j’ai même eu l’air d’ignorer cette moralisation, ce qui nécessairement mettrait fin à ces notions, dès que disparaîtrait leur condition première, la foi à notre « créancier », à Dieu. En réalité, il en est tout autrement. Par la moralisation des notions de « dette », et de « devoir », par leur refoulement dans la mauvaise conscience, on a tenté de donner une direction inverse au développement qui vient d’être décrit ou du moins d’arrêter ce développement : il faudra dès lors que la perspective d’une libération définitive disparaisse une fois pour toutes dans la brume pessimiste, il faudra dès lors que le regard désespéré se décourage devant une impossibilité de fer, il faudra dès lors que ces notions de « dette » et