Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/179

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à une première indication : il veut être délivré d’une torture. —

7.

Gardons-nous au mot « torturer » de prendre aussitôt un air lugubre : précisément dans ce cas il y a beaucoup à y opposer, beaucoup à en rabattre,— il reste même de quoi rire. N’oublions surtout pas que Schopenhauer, qui a traité la sexualité en ennemie personnelle (la sexualité, et aussi son instrument, la femme, cet « instrumentum diaboli ») avait besoin d’ennemis pour rester de bonne humeur ; n’oublions pas qu’il avait une prédilection pour les paroles de colère, pour les paroles hargneuses, haineuses et bilieuses ; qu’il se fâchait pour se fâcher, par passion ; qu’il serait tombé malade, devenu pessimiste (— car il ne l’était pas, quoique ce fût là son plus chaud désir) sans ses ennemis, sans Hegel, sans la femme, sans la sensualité, sans la volonté de vivre, de rester en ce monde. Il y a à parier gros que sans tout cela Schopenhauer n’y serait pas resté, il se serait enfui : mais ses ennemis le tenaient, ses ennemis lui offraient toujours de nouvelles séductions dans l’existence, sa colère était, tout comme