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Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/242

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20.

Mais déjà l’on m’aura compris : — il suffit, n’est-ce pas ? tout bien considéré, que nous autres psychologues nous ne puissions nous débarrasser d’une certaine méfiance envers nous-mêmes ?… Vraisemblablement nous sommes encore « trop bons » pour exercer notre métier, vraisemblablement nous aussi, nous sommes encore les victimes, la proie, les patients de ce goût du jour, entaché de morale, quel que soit le mépris que nous lui vouons, — il est probable que, nous aussi, nous en soyons encore infectés. Contre quoi voulait donc mettre en garde ce diplomate parlant à ses pareils ? « Surtout, Messieurs, méfions-nous de nos premiers mouvements ! ils sont presque toujours bons !… » C’est ce langage que devrait tenir aujourd’hui tout psychologue en s’adressant à ses semblables… Et ceci nous ramène à notre problème qui réclame en effet de nous une certaine rigueur, et surtout une certaine méfiance à l’égard des « premiers mouvements ». L’idéal ascétique au service d’un but, le débordement des sentiments : — celui qui a présente à la mémoire la précédente dissertation devinera déjà en subs-