Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/251

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séquence il a aussi corrompu le goût, in artibus et litteris — il le corrompt encore. « Par conséquent ? » — J’espère que l’on m’accordera tout simplement ces conséquences et que je n’aurai du moins plus besoin d’en faire la démonstration. Un mot seulement concernant le livre capital de la littérature chrétienne, son modèle, son « livre par excellence ». Au milieu même de la splendeur gréco-romaine qui était aussi une splendeur littéraire, en face du monde des lettres antiques qui existait encore dans son entier sans tares et sans lacunes, à une époque où l’on pouvait encore lire quelques livres pour la possession desquels on donnerait aujourd’hui des littératures entières, la naïveté vaniteuse de quelques agitateurs chrétiens — on les appelle — pères de l’Église osa déjà décréter : « Nous aussi, nous avons notre littérature classique, nous n’avons pas besoin de celle des Grecs. » — Et sur ce on montrait fièrement des livres de légendes, des épîtres apostoliques, de petits traités apologétiques, à peu près comme aujourd’hui, à l’aide d’une littérature analogue, l'« armée du salut » anglaise combat le bon combat contre Shakespeare et d’autres « païens ». Je n’aime pas le « nouveau Testament », on le devine ; cela m’inquiète presque