Page:Nietzsche - La Généalogie de la morale.djvu/269

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qui décline. (La science en tant que problème ; la question de la signification de la science — comparez à ce sujet ! la préface de L’Origine de la Tragédie). — Non ! cette « science moderne » — essayez donc de voir clair ! — est pour l’instant le meilleur auxiliaire de l’idéal ascétique, et cela, parce que le plus inconscient, le plus involontaire, le plus dissimulé, le plus souterrain ! Ils ont jusqu’à présent joué le même jeu, les « pauvres d’esprit » et les adversaires scientifiques de l’idéal ascétique (qu’on se garde bien, soit dit en passant, de prendre ces derniers pour l’antithèse de ceux-ci, pour les riches de l’esprit, par exemple : — ils ne le sont pas, je les ai nommés les rachitiques de l’esprit). Et ces fameuses victoires des hommes de science : sans doute ce sont des victoires — mais sur quoi ? L’idéal ascétique ne fut nullement vaincu, bien au contraire, il fut fortifié, je veux dire rendu plus insaisissable, plus spirituel, plus séduisant, toutes les fois qu’une muraille, un ouvrage avancé dont il s’était entouré et qui lui donnait un aspect grossier était impitoyablement battu en brèche et démoli par la science. S’imagine-t-on vraiment que la ruine de l’astronomie théologique, par exemple, ait été une défaite de l’idéal ascétique ?… L’homme est-il peut-être devenu