Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

r et préhistorique, dont les livres ouvrent l’accès, ce qui colore l’horizon tout entier de couleurs nouvelles, de nouvelles possibilités. Le pressentiment de mondes encore lointains et inexplorés ; le dédain à l’égard des boulevards… Car le nationalisme, il ne faut pas s’y tromper, n’est aussi qu’une forme de l’exotisme. — Les musiciens romantiques racontent ce que les livres romantiques ont fait d’eux : on aimerait bien vivre des choses exotiques, des passions dans le goût florentin et vénitien : en fin de compte, on se satisfait de les chercher en images… L’essentiel c’est une façon de nouvel appétit, un besoin d’imitation, de recréation, de masque, de travestissement de l’âme… L’art romantique n’est que le palliatif d’une réalité manquée…

La tentative de faire du nouveau : la Révolution, Napoléon. — Napoléon, la passion pour de nouvelles possibilités de l’âme, l’élargissement de l’âme dans l’espace…

Épuisement de la volonté ; débauche d’autant plus grande, dans le désir de trouver des sensations nouvelles, de les recréer, de les rêver… Conséquence des choses successives que l’on a vécues : soif ardente des sentiments excessifs… les littératures étrangères offraient les épices les plus fortes…

68.

Les Grecs de Winckelmann et de Goethe, les Orientales de Victor Hugo, les personnages de l’