pect d’un crime indigne. Ici l’erreur est devenue un devoir, — une vertu, — la méprise es devenue un coup de main ; l’instinct de destruction est systématisé sous le nom de " rédemption " ; ici chaque opération devient une blessure, une extirpation des organes mêmes dont l’énergie est la condition de tout retour à la santé. Au meilleur cas, on ne guérit rien et l’on se contente de transformer une série de symptômes d’un mal en une autre série… Et cette dangereuse folie, ce système de profanation et de castration de la vie est regardé comme saint, comme intangible ; vivre à son service, être l’instrument de cet art de guérir, être prêtre, cela doit enlever, rendre vénérable, rendre saint et même inviolable. La divinité seule peut être l’auteur de ce suprême art de guérir : la rédemption n’est compréhensible que comme une révélation, comme un acte de grâce, comme un présent immérité, fait par le créateur. Première proposition : la santé de l’âme est regardée comme une maladie, avec méfiance… Deuxième proposition : les conditions nécessaires à une vie forte et florissante, les aspirations et les passions violentes sont regardées comme des objections contre une vie forte et florissante. Troisième proposition : tout ce qui menace l’homme d’un danger, tout ce qui peut s’en rendre maître et le détruire, est mauvais et
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Apparence