Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/211

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leurs sujets sont maniables et soumis ( - des conditions et des sentiments qui peuvent être aussi éloignés que possible de ceux que l’on admet). L’instinct de troupeau et l’instinct de domination s’entendent dans la vie pour préconiser une série de qualités et de conditions, — mais pour des raisons différentes : le premier agit par égoïsme immédiat, le second par égoïsme médiat. La soumission au christianisme de la race des maîtres est essentiellement la conséquence de la conviction que le christianisme est une religion de troupeau qui enseigne l’obéissance : en un mot, que l’on domine plus facilement des chrétiens que des non-chrétiens. Avec cet avertissement, le pape recommande aujourd’hui encore la propagande chrétienne à l’empereur de Chine. Il faut ajouter à cela que la force de séduction de l’idéal chrétien agit peut-être le plus fortement sur les natures qui aiment le danger, l’aventure et les contrastes, qui aiment tout ce qui comporte des risques, mais qui permet de parvenir à un non plus ultra du sentiment de puissance. Que l’on imagine sainte Thérèse au milieu des instincts héroïques de ses frères : — le christianisme apparaît comme une forme de l’exaltation de la volonté, de la force de volonté, comme une donquichotterie de l’héroïsme…