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Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/24

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firmation et le renforcement de la vie abondante , il est naturellement forcé d’examiner la valeur de l’idéal de la vie appauvrie et de réfuter, au point de vue biologique, son caractère obligatoire pour les types supérieurs. Le travail qui se trouve derrière nous fut d’une diffi culté extrême et les soucis ne nous ont pas manqué . Mais toujours nous fûmes soutenus par un sentiment d’exaltation suprême ! Tandis que nous déchiffrions le sens exact des manuscrits ,pour les mettre en place,nous nous croyions semblables à des chercheurs de trésors qui amènent à la lumière leur précieux fardeau et le déposent avec une crainte respectueuse, allant d’étonne ment en étonnement,à cause de sa beauté et de sa valeur extraordinaires. Ces problèmes que nous avons sortis des ébauches ne sont-ils pas les plus grands de l’humanité ? Les réponses qu’y donne Nietzsche ont une signification universelle et se prêtent à ouvrir à l’humanité future des voies nouvelles vers la grandeur .

Mais , avec tout cela, nous n’avons pu étouffer un senti ment de profonde tristesse. On imagine ce qu’eût été ce livre si la maîtrise de Nietzsche avait repris ces ma tériaux abondants pour y mettre l’ordre et la logique que l’on trouve par exemple dans la Généalogie de la morale,s’il les avait transfigurés de son style inimitable ! Quelle æuvre aurions-nous devant les yeux ! Et ce qui augmente encore notre tristesse, c’est que nous savons par ses notes comment il se figurait l’achèvement de son ouvrage philosophique capital.

On ne lira pas sans une profonde émotion la page suivante, où Nietzsche se traçait à lui-même la règle qui