Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/253

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dérer comme précieux ce qui va contre son moi ? le sacrifice de son moi à un autre moi ! Honte à ce misérable mensonge psychologique qui a eu jusqu’à présent le verbe si haut dans l’Église et dans la philosophie infestée par l’Église ! Si l’homme est profondément enclin à pécher, il ne peut que se haïr lui-même. Et, au fond, il n’aurait pas le droit d’avoir vis-à-vis de ses semblables un autre sentiment qu’à l’égard de lui-même ; l’amour des hommes a besoin d’une justification, — on la trouve dans le fait que Dieu a ordonné cet amour. — Il s’ensuit que tous les instincts naturels de l’homme (ses penchants à l’amour, etc.) lui paraissent interdits par eux-mêmes, et qu’il n’y a droit, après les avoir reniés, qu’en vertu de l’obéissance à un ordre de Dieu… Pascal, l’admirable logicien du christianisme, alla jusque-là ! Que l’on considère ses sentiments à l’égard de sa sœur. " Ne pas se faire aimer ", c’est cela qui lui semblait être chrétien.

186.

Les résidus de la dépréciation de la nature par la transcendance morale : valeur du renoncement, culte de l’altruisme ; croyance à une récompense dans le jeu des enchantements ; croyance à la " bonté ", au " génie " même, comme si l’un comme l’autre étaient la conséquence du renoncement ; la continuation de la sanction de l’Église da