extravagante. De fait, c’est le christianisme qui a incité l’individu à s’ériger en juge sur toutes choses, la folie des grandeurs est devenue presque un devoir, car l’individu doit faire valoir des droits éternels contre tout ce qui est temporaire et conditionné. Qu’importe l’État ! Qu’importe la société ! Qu’importent les lois historiques ! Qu’importe la physiologie ! Ici quelque chose prend la parole qui est au-delà du devenir, quelque chose d’immuable dans l’histoire tout entière, quelque chose d’immortel ou de divin : une âme. — Une autre idée chrétienne, non moins folle, s’est incrustée bien plus profondément et transmise dans la chair de la modernité l’idée " l’égalité des âmes devant Dieu ". C’est là que se présente le prototype de toutes les théories de droits égaux : on a enseigné à l’humanité, à balbutier d’abord religieusement la phrase de l’humanité, plus tard on en a fait pour elle une morale : quoi d’étonnant si l’homme finit par prendre cette phrase au sérieux, par l’utiliser au point de vue pratique… je veux dire politique, démocratique, socialiste, pessimiste par indignation…
Partout où l’on cherchait des responsabilités, c’était l’instinct de vengeance qui était à l’œuvre. Cet instinct de vengeance, durant des milliers d’années, s’est rendu maître de l’humanité au point qu’il