Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/290

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pastorale… une idylle… l’" homme bon " : de telles choses font le plus d’effet lorsque la tragédie court les rues.

Mais par là nous avons encore reconnu comment l’" idéaliste " ( - le castrat idéal) sort d’une réalité tout à fait déterminée et comment il est autre chose qu’un homme fantasque… Il a reconnu précisément que, pour sa façon de réalité, une telle prescription brutale, interdisant certains actes, n’avait pas de sens (parce que l’instinct qui le pousserait à un acte est affaibli par le long manque d’exercice, de contrainte à l’exercice). Le " castriste " formule une somme de nouvelles conditions de conservation pour des hommes d’une espèce déterminée : en cela il est réaliste. Les moyens qui lui servent à imposer sa législature sont les mêmes que ceux des anciennes législatures : l’appel à toute espèce d’autorité, à " Dieu ", l’utilisation de l’idée de " faute " et de " punition ", — ce qui veut dire qu’il accapare, à son profit, tout ce qui appartient à l’idéal ancien, mais il y joint une nouvelle interprétation : la faute, par exemple, devient une chose intérieure (sous forme de remords). En pratique, cette espèce d’hommes disparaît dès que cessent les conditions exceptionnelles de son existence - une sorte de bonheur d’insulaire, de