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Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/301

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elle s’imagine que c’est un état de salut, quand enfin l’anarchie intérieure, les troubles qui résultent de ces impulsions contraires ont pris fin. — Peut-être n’y eut-il pas jusqu’à présent idéologie plus dangereuse, plus grand scandale in psychologicis que cette volonté du bien : on fit grandir le type le plus répugnant, l’homme qui n’est pas libre, le tartufe ; on enseigna qu’il faut être tartufe pour se trouver sur le vrai chemin qui mène à Dieu, que la vie du tartufe est la seule vie qui plaît à Dieu… Et, là encore, c’est la vie qui garde raison, — la vie qui ne s’entend pas à séparer l’affirmation de la négation : — que sert-il de mettre toute sa force à déclarer que la guerre est mauvaise, à ne pas vouloir nuire, à ne pas vouloir dire non ! On fait quand même la guerre ! on ne peut pas faire autrement ! L’homme bon qui a renoncé au mal, affligé, comme cela lui paraît désirable, de cette hémiplégie du mal, ne cesse nullement de faire la guerre, d’avoir des ennemis, de dire non, d’agir négativement. Le chrétien, par exemple, déteste le " mensonge " ! — et que n’appelle-t-il pas mensonge ! C’est précisément par cette croyance à une opposition morale entre le bien et le mal que le monde s’est rempli pour lui de choses haïssables qu’il faut combattre éternellement. " L’homme bon " se voit comme entouré du mal, sans cesse assailli par le mal, il aiguise sa vue et finit par découvrir des traces du mal dans tout ce qu’il fait : et c’est ainsi