Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/327

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isme, le nihilisme ([Grec : ] adiaphora), le cynisme, l’endurcissement, l’hédonisme, le réactionisme. La question du " bonheur " de la " vertu ", du " salut de l’âme " est l’expression de la contradiction physiologique dans ces natures en décadence : il leur manque l’équilibre dans les instincts, le but.

240.

Les véritables philosophes des Grecs sont ceux qui précèdent Socrate ( - avec Socrate quelque chose se transforme). Ce sont des personnages distingués qui se placent à l’écart du peuple et des mœurs, ayant beaucoup voyagé, sérieux jusqu’à l’austérité, avec l’œil lent, instruits dans les affaires d’État et la diplomatie. Ils anticipent sur les sages toutes les grandes conceptions des choses : ils représentent eux-mêmes ces grandes conceptions, ils se mettent eux-mêmes en systèmes. Rien ne donne une idée plus haute de l’esprit grec que cette fécondité soudaine en types, que cette intégralité involontaire dans la série des grandes possibilités de l’idéal philosophique. — Je ne vois qu’une seule grande figure dans ceux qui viennent après : figure tardive et nécessairement la dernière, — le nihiliste Pyrrhon : — son instinct est dirigé contre tout ce qui, dans l’intervalle, avait pris le dessus, les socratiques, Platon. (Pyrrhon revient, par-delà Protagoras, à Démocrite…)