Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/333

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ontre la science, avec les moyens d’une théorie de la connaissance ou d’un scepticisme : et à quelle fin ? Toujours en faveur de la morale… (La haine contre les physiciens et les médecins). Socrate, Aristippe, l’école mégarique, les Cyniques, Epicure, Pyrrhon - assaut général contre la connaissance en faveur de la morale… (Haine contre la dialectique.) Il reste un problème à résoudre : ils s’approchent de la sophistique pour se débarrasser de la science. D’autre part les physiciens sont tous assujettis, au point qu’ils admettent, parmi leurs fondements, la théorie de la vérité, la théorie de l’être : par exemple l’atome, les quatre éléments (juxtaposition de l’être, pour expliquer la multiplicité et le changement - ). L’enseignement du mépris à l’égard de l’objectivité de l’intérêt : retour à l’intérêt pratique, à l’utilité personnelle de toute connaissance… La lutte contre la science se dirige : 1) contre son allure (objectivité), 2) contre ses moyens (c’est-à-dire contre la possibilité de celle-ci), 3) contre ses résultats (considérés comme enfantins). C’est la même lutte qui fut reprise plus tard par l’Église au nom de la piété : l’Église hérite de tout l’attirail de combat utilisé dans l’antiquité. La théorie de la connaissance y joue le même rôle que chez Kant, que chez les Hindous… On ne veut pas avoir à s’en occuper : on veut avoir la main libre pour suivre son propre " chemin ".