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Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/344

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as ce sont des rancunes personnelles qui les poussent dans le domaine des problèmes, — ils luttent contre des problèmes pour garder raison contre des personnes. Mais, avant tout, c’est la vengeance qui est devenue scientifiquement utilisable, — la vengeance des opprimés, de ceux qui ont été poussés dehors, ou même opprimés par la vérité régnante. La vérité, je veux dire la méthode scientifique, a été utilisée et encouragée par ceux qui devinaient en elle un instrument de combat, — une œuvre de destruction… Pour se faire reconnaître, en tant qu’adversaires, ils avaient du reste besoin d’un appareil semblable à celui dont se servaient ceux qu’ils attaquaient : — ils affichaient l’idée de vérité d’une façon aussi absolue que leurs adversaires, — ils devinrent des fanatiques, au moins dans leur attitude, parce qu’aucune autre attitude n’était prise au sérieux. La persécution, la passion et l’insécurité des persécutés faisaient alors le reste, — la haine grandissait et, par conséquent, la première impulsion diminuait, afin de pouvoir demeurer sur le terrain de la science. Finalement ils voulurent tous avoir raison d’une façon tout aussi absurde que leurs adversaires… Les mots " conviction ", " foi ", la fierté du martyr, — tout cela sont des conditions défavorables pour la connaissance. Les adversaires de la vérité ont fini par accepter d’eux-mêmes toute la manière subjective de décider de la vérité, c’est-à-dire au moyen d’attitudes de sacrifice,