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Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/350

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à mesure qu’ils la comprenaient davantage ?… Car cette existence est immorale… Et cette vie repose sur des hypothèses immorales : et toute morale nie la vie. - Supprimons le monde-vérité : pour ce faire, il nous faut supprimer les valeurs supérieures qui ont eu cours jusqu’ici, la morale… Il suffit de démontrer que la morale, elle aussi, est immorale, dans le sens où l’immoralité a été condamnée jusqu’ici. Lorsque nous aurons brisé de la sorte la tyrannie des valeurs qui ont eu cours jusqu’ici, lorsque nous aurons supprimé le monde-vérité, un nouvel ordre des valeurs suivra naturellement. Le monde-apparence et le monde-mensonger - voilà la contradiction. Ce dernier fut appelé jusqu’ici " monde-vérité ", " vérité absolue ", " Dieu ". C’est lui que nous aurons supprimé. Logique de ma conception : 1) La morale comme valeur supérieure (maîtresse de toutes les phases de la philosophie, même du scepticisme). Résultat : ce monde ne vaut rien, il n’est pas le " monde-vérité ". 2) Qu’est-ce qui détermine la valeur supérieure ? Qu’est exactement la morale ? — L’instinct de décadence ; c’est pour les épuisés et les déshérités une façon de se venger. Preuve historique : les philosophes sont toujours des décadents… au service de la religion nihiliste.