Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/133

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346.

" Sacrifier sa vie pour une cause " - quel effet cela fait ! Mais il y a bien des choses pour lesquelles on sacrifie sa vie: toutes les passions, les unes comme les autres, veulent avoir leur satisfaction. Que ce soit la pitié, ou la colère, ou la vengeance - si l'on y met sa vie cela ne change rien à l'affaire. Combien y en a-t-il qui ont sacrifié leur vie pour les jolies femmes - et même, ce qui est pire, leur santé ! Lorsque l'on en a le tempérament, on choisit instinctivement les choses dangereuses: par exemple, les aventures de la spéculation lorsque l'on est philosophe, ou les aventures de l'immoralité lorsque l'on est vertueux. Une espèce d'hommes ne veut rien risquer, l'autre veut risquer. Sommes-nous les contempteurs de la vie, nous autres ? Au contraire, nous cherchons instinctivement une vie élevée à une haute puissance, une vie dans les dangers... Par là, encore une fois, nous ne voulons pas être plus vertueux que les autres. Pascal, par exemple, ne voulut rien risquer et il demeura chrétien, c'était peut-être vertueux. -

347.

Les sentiments de bonté, de charité, de bienveillance, n'ont nullement été mis en honneur à cause de l'utilité qui en découle, mais parce qu'ils