Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/222

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je ne veux pas tirer avantage des recherches de la connaissance, ni échapper aux préjudices qu'elles me causent. - Parmi ceux-ci il y a ce que l'on pourrait appeler l'altération du caractère; j'envisage froidement cette perspective: je me sers de mon caractère mais je ne songe ni à le comprendre, ni à le changer, - le calcul personnel de la vertu n'est pas entré un seul instant dans ma tête. Il me semble que l'on se ferme les portes de la connaissance dès que l'on s'intéresse à son cas particulier - ou même au " salut de son âme "... Il ne faut pas attacher trop d'importance à sa morale et ne pas se laisser enlever un droit modeste à tomber dans le contraire...

Il faut peut-être supposer là une sorte de moralité par richesse héréditaire: on pressent que l'on peut en gaspiller beaucoup et en jeter par la fenêtre sans devenir pour cela plus pauvre. Il ne faut jamais se laisser tenter d'admirer les " belles âmes "; il faut toujours se savoir supérieur à elles. Aller au-devant des monstres de la vertu avec une raillerie intérieure; déniaiser la vertu, - plaisir secret.

Se rouler autour de soi-même; ne point souhaiter devenir " meilleur ", ou même " différent ". Marquer trop d'intérêt pour ne pas lancer vers les choses des tentacules ou des filets de toute moralité.

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