Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/224

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comme des chemins qui mènent à l'expérience ?... Mais si l'on veut le bonheur, et bien ! ne faudra-t-il pas se joindre aux " pauvres d'esprit " ?

420.

Schopenhauer a interprété l'intellectualité supérieure comme une séparation de la volonté; il n'a pas voulu voir la libération des préjugés moraux, qui est le propre du grand esprit qui se déchaîne, l'immoralité typique du génie; il a fixé artificiellement ce qu'il vénérait seul, la valeur morale du " renoncement ", comme condition de l'activité intellectuelle, des vues " objectives ". La " vérité ", même en art, se présente après la suppression de la volonté...

A travers toutes les idiosyncrasies morales je vois une évaluation foncièrement différente: je ne connais pas ces séparations absurdes entre le génie et le monde de la volonté morale et immorale. L'homme moral est d'une espèce inférieure à l'homme immoral, d'une espèce plus faible; il est un type selon la morale, mais il n'est pas son propre type; il est une copie, une bonne copie tout au plus, - la mesure de sa valeur réside en dehors de lui. J'estime l'homme selon la quantité de puissance et la plénitude de sa volonté: et non pas d'après l'affaiblissement et l'effacement de la volonté; je considère une philosophie qui enseigne la négation de la volonté comme une doctrine d'abaissement