Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


cœur l'humilité: c'est votre intérêt personnel et une pitoyable habileté qui vous conseillent votre vertu. Et si vous aviez plus de force et plus de courage dans l'âme vous ne vous abaisseriez pas ainsi à être des nullités vertueuses. Vous faites de vous ce que vous pouvez: soit que vous fassiez ce qu'il faut - ce à quoi vous contraignent les circonstances, - soit que vous fassiez ce qui vous fait plaisir ou vous paraît utile. Mais si vous ne faites que ce qui est conforme à nos penchants ou ce que la nécessité exige de vous, vous ne devez ni avoir le droit de vous louer, ni vous laisser louer !... On est d'une espèce d'hommes foncièrement petite, si l'on n'est que vertueux: rien ne doit vous induire en erreur à ce sujet ! Les hommes qui entraient en ligne de compte en quoi que ce soit n'ont jamais été de pareils ânes de la vertu: leur instinct le plus intime, celui qui régissait leur quantité de puissance, n'y trouvait pas son compte: tandis qu'à votre minimum de puissance rien ne paraît plus sage que la vertu. Mais vous avez le nombre pour vous: et, pour autant que vous vous mettez à tyranniser, nous voulons vous faire la guerre...

427.

La société d'aujourd'hui est encombrée d'une foule d'égards, de ménagements à garder, de réticences aimables devant des droits étrangers ou même devant des revendications étrangères; on