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Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/261

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le conçoit comme s'il était la raison, la puissance et même comme une personne. Il arrive de la sorte à la possibilité de conclure avec lui une sorte de traité et même d'agir d'avance sur lui, - de prévenir.

- Un autre expédient, c'est de prétendre que le caractère méchant et nuisible n'est qu'apparent. On interprète les suites du hasard, de l'incertitude, du subit comme bien intentionnées comme pleines de raison.

- Un troisième moyen c'est d'interpréter, avant tout, le mal qui nous arrive comme " mérité ": on justifie le mal en le considérant comme punition...

En résumé, on se soumet à lui. - Toute l'interprétation morale et religieuse n'est qu'une forme de la soumission au mal. - Croire que dans le mal un sens bon est caché, c'est renoncer à combattre le mal.

Or, toute l'histoire de la civilisation représente une diminution de la crainte du hasard, de l'incertitude et de ce qui arrive subitement. La civilisation c'est précisément d'apprendre à calculer, à rechercher les causes, à prévenir, à croire à la nécessité. A mesure qu'augmente la civilisation, l'homme peut se passer de cette forme primitive de la soumission au mal (appelée religion ou morale), de cette " justification du mal ". Maintenant il fait la guerre au " mal " - il le supprime. Un état de certitude est même possible, un état de