Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 2.djvu/53

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ces formes que pour se rendre maître de la réalité, pour mal entendre la réalité d'une façon intelligente...

Et voici que le monde devint faux, exactement à cause des qualités qui constituent sa réalité; le changement, le devenir, la multiplicité, les contrastes et les contradictions, la guerre. Dès lors toute la fatalité était là:

1) Comment se débarrasse-t-on du monde faux, du monde qui n'est qu'apparence ? ( - c'était le monde véritable, l'unique );

2) Comment acquiert-on soi-même, autant que possible, le caractère contraire à celui du monde-apparence ? (Conception de l'être parfait, l'opposé de tout être réel, plus exactement l'opposé de la vie... )

Tout le courant des valeurs portait sur la calomnie de la vie; on créa une confusion du dogmatisme idéal avec la connaissance en général de sorte que le parti opposé se mit aussi à détester la science.

C'est ainsi que le chemin de la science fut doublement barré: d'une part, par la croyance au " monde-vérité " et, d'autre part, par les adversaires de cette croyance. Les sciences naturelles, la physiologie étaient 1) condamnées dans leurs objets, 2) privées de leurs avantages...

Dans le monde réel, où tout s'enchaîne et se limite absolument, condamner et éloigner quelque