Page:Nietzsche - Le Cas Wagner (trad. Halévy et Dreyfus).djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exhale autour de lui une épaisse fumée d’encens, les erreurs qui portent sur lui s’appellent « Evangile » — il n’a pas persuadé seulement les pauvres d’esprit !

J’ai envie d’ouvrir un peu les fenêtres. De l’air ! Plus d’air !

Que l’on s’abuse en Allemagne sur Wagner, cela ne m’étonne pas. Le contraire m’étonnerait. Les Allemands se sont fabriqué un Wagner qu’ils peuvent honorer : ils ne furent jamais psychologues ; ils montrent leur reconnaissance en ne comprenant pas. Mais que l’on se soit également abusé sur Wagner à Paris ! où l’on n’est presque rien de plus que psychologue. Et à St-Pétersbourg ! où l’on devine même de ces choses que l’on ne pressent pas à Paris. Comme Wagner doit être parent de toute cette société européenne de décadence, pour n’être pas trouvé décadent par elle ! Il lui appartient : il est son protagoniste, son nom le plus grand… On s’honore, en l’élevant dans les nuages. — Car, ne pas se défendre contre lui, cela même est un symptôme de décadence. L’instinct est atrophié. Ce qui devrait faire fuir, attire. On se met sur les