Page:Nietzsche - Le Cas Wagner (trad. Halévy et Dreyfus).djvu/51

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somme toute de la musique que personne ne connaît… Wagner avait la vertu des décadents, la Pitié — — —

8.


— « Fort bien ! Mais comment pourrait-on livrer son goût à ce décadent, si par hasard on n’est pas musicien, si par hasard on n’est pas décadent ? » — C’est tout le contraire ! Comment ne le pourrait-on pas ! Essayez un peu ! — Vous ne savez pas ce qu’est Wagner : un énorme Cabotin ! Y a-t-il un effet plus profond, plus lourd, au théâtre ? Voyez un peu ces jeunes gens, — transis, blafards, sans haleine ! Voilà des wagnériens : ça ne comprend rien à la musique, — et cependant Wagner les domine… L’art de Wagner pèse de cent atmosphères : inclinez-vous, c’est tout ce qu’on peut faire… Le cabotin Wagner est un tyran, son pathos culbute chaque goût, chaque résistance. — Qui donc possède cette puissance persuasive de l’attitude, qui donc ce souci positif et primordial de l’attitude ? Cette