Page:Nietzsche - Le Cas Wagner (trad. Halévy et Dreyfus).djvu/57

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public de Corneille que Wagner avait à ménager : simplement le dix-neuvième siècle. Wagner jugerait à peu près du « seul procédé nécessaire » comme en juge aujourd’hui tout autre cabotin : une série de fortes scènes, plus fortes les unes que les autres, et, pour remplir les intervalles, beaucoup de sage stupidité. Il cherche d’abord à se garantir à lui-même l’effet de son œuvre : il commence par le troisième acte, il fait la preuve de son œuvre par l’effet dernier qu’elle produit. Avec une telle entente du théâtre pour guide, on ne court pas le danger de faire un drame au dépourvu. Le drame réclame la sévère logique : mais qu’importait en somme la logique à Wagner ! Encore une fois : ce n’est pas le public de Corneille qu’il avait à ménager, — de simples Allemands ! — On sait à quel problème technique le dramaturge emploie toute sa force et souvent une sueur ensanglantée : donner de la nécessité au nœud ainsi qu’au dénouement, de telle sorte que tous deux ne soient possibles que d’une seule manière, que tous deux donnent l’impression de la liberté (Principe de la moindre action). Eh bien,