Page:Nietzsche - Le Cas Wagner (trad. Halévy et Dreyfus).djvu/89

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valeur des choses, elle nie l’univers. Le « monde », expression chrétienne de mépris. — Ces antithèses dans l’optique des valeurs sont toutes deux nécessaires : ce sont des manières de voir dont on n’approche pas avec des arguments et des réfutations. On ne réfute pas le christianisme, on ne réfute pas une maladie des yeux. Combattre le pessimisme comme une philosophie, ce fut le comble de l’idiotie savante. Les concepts de « vérité » et d’« erreur » n’ont, à ce qu’il me semble, aucun sens en optique. — La seule chose que l’on ait à combattre, c’est l’hypocrisie, la mauvaise foi instinctive, qui refuse de considérer ces antithèses comme des antithèses : comme c’était par exemple la volonté de Wagner, qui, en matière de semblables hypocrisies, ne possédait pas une maîtrise médiocre. Jeter des regards furtifs sur la morale des maîtres, morale supérieure (— la légende islandaise en est presque le document le plus important —) et en même temps avoir à la bouche la doctrine contraire, sur l’« Évangile de l’humilité », sur le « Besoin de Rédemption » !… J’admire, soit dit en passant,