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NIETZSCHE CONTRE WAGNER

ÉPILOGUE

1.

Je me suis souvent demandé si je ne devais pas beaucoup plus aux années les plus difficiles de ma vie qu’à toutes les autres. Ce qu’il y a de plus intime en moi m’apprend que tout ce qui est nécessaire, vu de haut et interprété dans le sens d’une économie supérieure, est aussi l’utile en soi, — il ne faut pas seulement le supporter, il faut aussi l’aimer… Amor fati : c’est là le fond de ma nature. — Et pour ce qui en est de ma longue maladie, ne lui dois-je pas beaucoup plus qu’à ma santé ? Je lui dois une santé supérieure, une santé qui se fortifie de tout ce qui ne la tue pas ! — Je lui dois aussi ma philosophie… Seule la grande souffrance est la dernière libératrice de l’esprit, elle enseigne le grand soupçon qui de tout U fait un X, un X vrai et véritable, c’est-à-dire l’avant-dernière lettre avant la dernière… Seule la grande douleur, la douleur longue et lente qui nous consume en quelque sorte à petit feu, la douleur qui prend son temps — nous force, nous autres philosophes, à descendre dans notre dernière pro-