Page:Nietzsche - Le Gai Savoir, 1901.djvu/145

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Ou bien encore par ses immortelles doctrines de l’intellectualité des conceptions, de l’apriorité de la loi de causalité, de la nature-instrument, de l’intellect et de la non-liberté du vouloir ? Non, tout cela ne séduit point et n’est pas ressenti comme séduction : mais l’embarras mystique et les faux-fuyants de Schopenhauer aux endroits où le penseur réaliste s’est laissé séduire et corrompre par la vaine aspiration à vouloir déchiffrer l’énigme du monde, mais l’indémontrable doctrine de la volonté unique (« toutes causes ne sont que causes occasionnelles de l’apparition de la volonté, en tel temps, en tel lieu », « la volonté de vie se trouve entière et indivise dans chaque être, même le plus misérable, aussi complète que dans la totalité de tous ceux qui furent, sont et seront »), mais la négation de l’individu (« tous les lions ne sont en somme qu’un seul lion », « la multiplicité des individus n’est qu’apparence », tout comme l’évolution n’est qu’apparence ; — Schopenhauer appelle la pensée de Lamarck « une erreur géniale et absurde ») —, mais l’exaltation du génie (« dans la contemplation esthétique, l’individu n’est plus individu, mais pur sujet de la connaissance, sans volonté, sans douleur et hors du temps » ; « le sujet en s’absorbant complètement dans l’objet de la contemplation se transforme en cet objet même »), mais encore le non-sens de la pitié et de l’épanouissement du principe d’individuation, comme source de toute moralité, rendu possible par la pitié, sans oublier enfin des affirmations telles que : « la mort est en somme le but de l’existence », « a priori on