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Page:Nietzsche - Le Gai Savoir, 1901.djvu/274

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une fatalité, non une duperie ! — Et la connaissance elle-même : que pour d’autres elle soit autre chose, par exemple un lit de repos, ou bien le chemin qui mène au lit de repos, ou bien encore un divertissement ou une flânerie, pour moi elle est un monde de dangers et de victoires, où les sentiments héroïques eux aussi ont leur place de danses et de jeux. « La vie est un moyen de la connaissance  » — avec ce principe au cœur on peut non seulement vivre avec bravoure, mais encore vivre avec joie, rire de joie ! Et comment s’entendrait-on à bien rire et à bien vivre, si l’on ne s’entendait pas d’abord à la guerre et à la victoire ?

325.

Ce qui fait partie de la grandeur. — Qui donc atteindra quelque chose de grand s’il ne se sent pas la force et la volonté d’ajouter de grandes douleurs ? C’est le moindre de savoir souffrir : les femmes faibles et même les esclaves y arrivent à la maîtrise. Mais ne pas périr de misère intérieure et d’incertitude lorsque l’on provoque la grande douleur et que l’on entend le cri de cette douleur — cela est grand — cela fait partie de la grandeur.

326.

Les médecins de l’âme et la souffrance. — Tous les prédicateurs de la morale, ainsi que les théologiens, ont un travers commun : ils cherchent tous à persuader à l’homme qu’il se sent très mal, qu’il