Page:Nietzsche - Le Gai Savoir, 1901.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
LE GAI SAVOIR

Je suis lourd seulement — de tant de livres !
Je ne fais que tomber sans cesse
Pour tomber, enfin, jusqu’au fond !


45.

POUR TOUJOURS

« Je viens aujourd’hui parce que cela me plaît » —
Ainsi pense chacun qui vient pour toujours.
Que lui importe ce que dit le monde :
« Tu viens trop tôt ! Tu viens trop tard ! »


46.

JUGEMENTS DES HOMMES FATIGUÉS

Tous les épuisés maudissent le soleil :
Pour eux la valeur des arbres — c’est l’ombre !


47.

DESCENTE

« Il baisse, il tombe » — vous écriez-vous moqueurs ;
La vérité c’est qu’il descend vers vous !

Son trop grand bonheur a été son malheur,
Sa trop grande lumière suit votre obscurité.


48.

CONTRE LES LOIS

À partir d’aujourd’hui je suspens
À mon cou la montre qui marque les heures :
À partir d’aujourd’hui cessent le cours des étoiles.
Du soleil, le chant du coq, les ombres ;
Et tout ce que le temps a jamais proclamé,