Page:Nietzsche - Le Gai Savoir, 1901.djvu/395

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Quand soudain mes sens furent plongés
Dans une éternelle inconscience,
Et un gouffre s’ouvrit,
Sans borne : — c’était fini !

— Le matin vint, sur de noires profondeurs
Une barque se repose et se repose encore —
Qu’est-il arrivé ? Un cri s’élève
Cent cris : qu’y a-t-il ? Du sang ? — —
Rien n’est arrivé ! Nous avons dormi,
Tous — hélas ! c’était bon ! si bon !



DÉCLARATION D’AMOUR


(OU LE POÈTE SE FIT ÉCONDUIRE —)



          Oh ! merveille ! Vole-t-il encore ?
Il s’élève et ses ailes sont au repos ?
          Qu’est-ce qui le porte donc et l’élève ?
Où est maintenant son but, son vol, son trait ?

          Comme l’étoile et l’éternité,
Il vit dans les hauteurs dont s’éloigne la vie,
          Ayant pitié, même de l’envie — ;
Est monté bien haut qui le voit planer !

          Oh ! Albatros, oiseau !
Un désir éternel me pousse dans les hauteurs.
          J’ai pensé à toi : alors une larme
Après l’autre, a coulé, — oui, je t’aime !