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Page:Nietzsche - Le Gai Savoir, 1901.djvu/402

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Et deux feuilles pour une couronne !
Dansons comme des troubadours
Parmi les saints et putains,
La danse entre Dieu et le monde !

Celui qui, avec le vent,
Ne sait pas danser, qui s’enveloppe
De foulards, tel un vieillard,
Celui qui est hypocrite,
Glorieux et faux vertueux,
Qu’il quitte notre paradis.

Chassons la poussière des routes,
Au nez de tous les malades,
Épouvantons les débiles,
Purifions toute la côte
De l’haleine des poitrines sèches
Et des yeux sans courage !

Chassons qui trouble le ciel,
Noircit le monde, attire les nuages !
Éclairons le royaume des cieux !
Mugissons… toi le plus libre
De tous les esprits libres, avec toi
Mon bonheur mugit comme la tempête. —

Et prends, pour que le souvenir
De ce bonheur soit éternel,
Prends l’héritage de cette couronne !
Jette-la là-haut, jette-la plus loin,
À l’assaut de l’échelle céleste,
Accroche-la — aux étoiles !