nier produit des qualités morales ; qu’elle est une synthèse de tous ces états que l’on prête aux hommes « purement moraux », lesquels les ont acquis, un à un, par une longue discipline, un long exercice, peut-être par toute la filière des générations ; que la haute spiritualité est précisément la spiritualisation de la justice et de cette rigueur bienveillante qui se sait chargée de maintenir la hiérarchie dans le monde, même parmi les choses — et non pas seulement parmi les hommes.
Aujourd’hui que la louange du désintéressement est si populaire, il importe de se rendre compte, non sans danger peut-être, de ce qui, pour le peuple, est sujet d’intérêt et quelles sont les choses dont se soucie véritablement et d’une façon profonde le vulgaire. Nous y comprendrons les gens cultivés, les savants et même, ou je me trompe fort, les philosophes. Il ressort de cet examen que presque tout ce qui ravit le goût délicat et raffiné, tout ce qui intéresse les natures élevées, paraît à l’homme moyen totalement « dépourvu d’intérêt ». S’il s’aperçoit quand même d’un certain attachement à ces choses il qualifiera cet attachement de désintéressé, et s’étonnera qu’il soit possible d’agir « d’une façon désintéressée ». Il y a eu des philosophes qui ont su prêter encore à cet étonnement populaire une